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Requiem / Laudes

by Michel Chion

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Laudes 36:17

about

Voix enfermées, voix répandues

Parmi les artistes que je préfère, se trouvent le romancier Léon Tolstoï et le réalisateur Federico Fellini. Leurs romans, leurs films sont souvent des fresques, avec des foules, des événements collectifs, mais chez eux, chacun de leurs nombreux personnages possède sa silhouette, sa vie concrète, son individualité. Louange à cette variété.
La pulsion de louanges, même dans le malheur, me semble un des aspects les plus bizarres et fascinants de l’être humain, mais je ne saurais y résister. C’est même pour cela que, sans partager les opinions et l’athéisme de Jacques Prévert, je reconnais celui-ci comme une immense poète de la célébration. Par exemple quand il loue la vie humaine dans un « Notre Père » qui m’a toujours marqué : Notre Père qui êtes aux Cieux, restez-y, et nous nous resterons sur la terre... qui dans mon esprit se tresse de manière indémêlable avec celui du canon catholique. Cette tresse a été une des sources d’inspiration pour mon « Requiem », ma « Messe de terre » et « Laudes ».
Les deux pièces de durée presque égale qui constituent cet album, terminées l’une en 1973 et l’autre en 2019, se complètent et se répondent pour moi : c’est comme si les « voix enfermées » que contient la première œuvre, et qu’on entend au début de la seconde, finissaient par trouver la sortie, et se répandaient dans le monde...
M.C., juillet 2023

Among my favorite artists are the novelist Leo Tolstoy and the film director Federico Fellini. Their novels and films are often frescoes, with crowds and collective events, but each of their many characters has his or her own silhouette, his or her own life, his or her own individuality. Praise this variety.
The urge to praise, even in misfortune, seems to me to be one of the most bizarre and fascinating aspects of being human, but I can’t resist it. This is even why, without sharing Jacques Prévert’s opinions and atheism, I recognize him as an immense poet of celebration. For example, when he praises human life in an « Our Father » that has always impressed me: Our Father who art in Heaven, abide there, and we shall abide on earth... which in my mind is interwoven in an indistinguishable way with that of the Catholic canon. This braiding was one of the sources of inspiration for my « Requiem », my « Messe de terre » and « Laudes ».
The two pieces of almost equal length on this album, one completed in 1973 and the other in 2019, complement and respond to each other for me: it’s as if the ‘locked voices’ contained in the first work, and heard at the beginning of the second, eventually found their way out, and spread out into the world...
M.C., juillet 2023

[Français]
REQUIEM
Messe des funérailles
[1973] 37’37
En deux temps et dix mouvements
Commande de l’INA-G.R.M., réalisée dans ses studios ; Grand Prix du Disque de l’Académie du Disque Français 1978 ; interprètes : André Allag (6), Michèle Bokanowski (2), Caroline Bruas (3, 7), Laure et Pierre Bruas (7), Robert Cahen (10), Michel Chion (1, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10), Catherine Colas (8), Jean-Pierre Colas (4, 7), Catherine Guérin (9), Bernard Guillochon (4), Geneviève Julien-Labruyère (1), l’ensemble vocal Le Madrigal de Paris, dir. Rachid Safir (1, 10) ; tournages sonores, création sonore acoustique, instrumentale (cromorne, célesta, orgue) et électronique, mixage, réalisation sur bande magnétique : M.C.

Le texte de ce « Requiem » est, à l’instar des Requiems classiques, celui de la Messe des Funérailles, ici augmenté d’un épître, d’un évangile et d’un Notre Père. Il est dit dans sa langue originale (latin ou grec), plus rarement en français.
Le « Requiem » a été fait en pensant moins à cette majorité silencieuse que sont les morts qu’à cette minorité agitée que sont les vivants. Pour l’auditeur, il se propose comme une aventure de sentiments et de sensations, un parcours dramatique accidenté dont les courbes et les soubresauts traduisent une incertitude fondamentale devant la vie, la mort et la foi. Cette incertitude qui gît au fond de nous tous.
Formellement, l’œuvre est construite sur un système d’échos et de correspondances qui s’organise symétriquement autour d’un axe situé vers le milieu de l’œuvre. Ce centre se localise dans le 6e mouvement, évangile, où se produit une rupture symbolique de la bande magnétique, une cassure de l’œuvre elle-même, ouvrant dans le temps une brèche d’éternité qui laisse entr’apercevoir « autre chose ».
Avec le « Requiem », je n’ai pas voulu livrer de message, de manifeste pro- ou anti-religieux. Il s’agit plutôt d’un témoignage personnel, où j’invite l’auditeur à se projeter lui-même, s’il lui plaît d’habiter cette œuvre de son expérience et de sa sensibilité.


LAUDES [2015-19] 36’17
Créée au Festival Futura 2019 par Jonathan Prager, sur l’Acousmonium Motus ; tournages sonores, création instrumentale (piano et clavicorde préparés), vocale et sonore, réalisation, mixage : M.C.
Réalisé à Berlin et Paris, avec les moyens personnels du compositeur.

Les « Laudes » (du latin Laudare, louer) sont un office chrétien pour célébrer le créateur à chaque lever du jour, et font appel souvent aux textes de la Bible, dont le Psaume 150, mis en musique notamment par Stravinsky. C’est ce dernier dont on entend le texte en latin et en allemand, dit par des voix de synthèse, dans le premier moment de mon œuvre. Celui-ci, Les voix enfermées, qui dure environ 14 minutes, a été créé le 9 juin 2015 au Wissenschaftskolleg de Berlin sous le titre Finsternis und Lobgesang (Obscurité et chant de louanges) à l’occasion de mon séjour d’un an comme fellow.
J’ai composé depuis à Paris, avec les mêmes techniques personnelles, deux nouveaux moments dont l’un, Appels (2’30) n’est qu’un « intervalle de temps », où les silences fixés qui le précèdent et le suivent sont d’une longueur inhabituelle.
Avec En chemin, long travelling latéral d’une vingtaine de minutes situé en extérieur dans lequel on finit par rejoindre un personnage répétant maniaquement Laudate (louez), et traversant des lieux, rencontrant des foules et croisant d’autres personnages (dont une femme qui semble folle), j’ai voulu suggérer une mise en marche en plein air sur une route sinon infinie, du moins dont la fin n’est pas connue. L’œuvre se termine par les mots, tirés du Psaume 43 : J’irai vers l’autel de Dieu.
Les trois moments de « Laudes » ne sont plus séparables et doivent être joués en entier, silences compris, à chaque exécution publique, ce pourquoi ils figurent ici sur une seule plage.

Biographie

Michel Chion est né en 1947. Chercheur, compositeur, réalisateur et écrivain. Membre du Groupe de Recherches Musicales de l’ORTF de 1971 à 1976, il a composé une cinquantaine d’oeuvres de musique concrète et de « musique audio-visuelle », dont « La Messe de terre » (Coup de cœur 2014 de l’Académie Charles Cros, éditée par Motus). Il a également publié une quarantaine d’ouvrages, dont certains, comme « L’Art des sons fixés », ont contribué à la défense et à la définition de la musique concrète. On lui doit entre autres dans ce domaine les notions de son fixé, de tournage sonore et d’espace interne/externe. Le compositeur et poète Lionel Marchetti a consacré à sa musique un essai « La musique concrète de Michel Chion », publié en 1997 et dont une version réactualisée doit sortir en 2024.
site officiel : www.michelchion.com







[English]
REQUIEM
Messe des funérailles
[1973] 37’37
In two parts and ten movements,
Commissioned by INA-G.R.M., produced in its studios; Grand Prix du Disque de l’Académie du Disque Français 1978; performers: André Allag (6), Michèle Bokanowski (2), Caroline Bruas (3, 7), Laure et Pierre Bruas (7), Robert Cahen (10), Michel Chion (1, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10), Catherine Colas (8), Jean-Pierre Colas (4, 7), Catherine Guérin (9), Bernard Guillochon (4), Geneviève Julien-Labruyère (1), vocal ensemble Le Madrigal de Paris, dir. Rachid Safir (1, 10); sound shooting, acoustic, instrumental (crumhorn, celesta, organ) and electronic sound creation, mixing, tape production: M.C.

As with classical Requiems, the text of this « Requiem » is that of the Funeral Mass, to which are added an Épître (Epistle) (3), an Évangile (Gospel) (6) and the Our Father(8). It is presented in its original language (Latin or Greek), on rare occasions in French.
The « Requiem » was composed whilst thinking about the troubled minority of the living, rather than the silent majority of the dead. To the listener, it takes the form of an uneven dramatic course, the turnings and defections telling of a fundamental uncertainty in the face of life, death and faith.
At the level of form, the piece is based on a system of echoes and correspondence that is organized in a symmetrical fashion around an axis found in the middle of the work: movement 10 incorporates elements already heard in movement 1, movement 9 has elements from movement 2, etc., with variants and dissymmetries in the detail. The axis for this construction is to be found in the 6th movement, Évangile, where a symbolic rupture of the tape occurs, a breaking of the piece itself, that opens a gap of eternity in the flow of time, allowing a glimpse of « something else ».
With the « Requiem », my intention was not to deliver a message or a manifesto, whether pro- or anti-religious. Rather, the piece is a personal testimony, in which I invite the listener to project himself, if he should like to dwell in this music of his experience and sensibility.

LAUDES 2015-19, 36’17
premiered at Festival Futura 2019 by Jonathan Prager, on Motus Acousmonium; sound recording, instrumental creation (prepared piano and clavichord), vocal and sound creation, production, mixing: M.C.
Produced in Berlin and Paris, using the composer’s own equipment.

« Lauds » (from the Latin Laudare, to praise) is a Christian service to celebrate the Creator at the dawn of each new day, often using texts from the Bible, including Psalm 150, set to music by Stravinsky, among others. It is the latter text, in Latin and German, spoken by computer-generated voices, that can be heard in the first moment of my work. This moment, Les voix enfermées (The locked voices), which lasts around 14 minutes, was premiered on 9 June 2015 at the Wissenschaftskolleg in Berlin under the title Finsternis und Lobgesang (Darkness and song of praise), during my year-long stay as a fellow.
Since then, using the same personal techniques, I have composed two new moments in Paris, one of which, Appels (2’30), is simply an interval of time in which the fixed silences that precede and follow it are of unusual length.
With En chemin (On the road), a long sideways tracking shot lasting around twenty minutes and set outdoors, in which we end up joining a character maniacally repeating Laudate (Praise), crossing places, meeting crowds and crossing paths with other characters (including a woman who seems mad), I wanted to suggest a journey in the open air on a road that is if not infinite, at least has no known end. The work ends with the words, taken from Psalm 43: I will go to the altar of God.
The three moments of «Lauds» are no longer separable and must be played in their entirety, including the silences, at each public performance, which is why they appear here on a single track.

Biography

Michel Chion was born in 1947. Researcher, composer, director and writer. Member of the ORTF’s Groupe de Recherches Musicales from 1971 to 1976. He has composed some fifty works of musique concrète and « audio-visual music », including « La Messe de terre » (Coup de cœur 2014 by the Académie Charles Cros, published by Motus). He has also published some forty books, some of which, like « L’Art des sons fixés », have contributed to the defense and definition of musique concrète. His work in this field includes the notions of fixed sound, sound filming and internal/external space.
In 1997, the composer and poet Lionel Marchetti published an essay on his music, « La musique concrète de Michel Chion ». An updated version of this essay is due to be published in 2024.
official website : www.michelchion.com

credits

released November 3, 2023

Numérisation de la bande originale du « Requiem » et mastering du disque Jonathan Prager / Piscine à tokyo
Textes livret et photo de couverture Michel Chion
relecture textes Anne Marie marsaguet
Direction artistique Motus Vincent Laubeuf
© Motus 2023 Ref. M323021
www.motus.fr edition@motus.fr

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